Je rencontre M. ce dimanche, jeune pêcheur dynamique, bien sympatique et ayant le même profil que moi. Autant vous dire que l’alchimie a immédiatement fonctionné au bout des premiers échanges téléphoniques..
Le cap est mis en direction du lac du Salagou, pour une découverte (ou plutôt redécouverte) en bateau (pour plus de confort) des techniques de pêche des poissons carnassiers.
M. est déjà un bon pratiquant et possède des bases théoriques et techniques solides.
Sur le parking en bord de lac, je croise deux copains pêcheurs, qui me serviront (je les en remercie) de modèles pour mes premières photos.
La météo annoncée est particulière mais bien propice à une journée pêche bien variée: pas de vent le matin, puis quelques rafales à partir de midi, pour se renforcer nettement jusque dans la fin d’après midi ou il soufflera vigoureusement.
Pour l’heure, les premières lueurs du jour nous remplissent de joie.
Rapidement arrivés sur zone, nous nous postons à une profondeur dans laquelle les poissons se tiennent à cette saison. Il faut dire que nous y étions allé la quinzaine de jour derniers, je savais bien ou les situer.
Nous localisons assez rapidement de gros rassemblements de poissons. J’apprécie particulièrement ces pêches presque hivernales, sous la canne, en verticale, ou l’animation peut être inexistante, et le leurre se évoluer grâce au déplacement du bateau.
Nous balayons alors méthodiquement la zone, avec une stratégie judicieuse bien connu des compétiteurs: nous pêchons avec chacun une technique de pêche différente, pour essayer de « trouver la pêche » (expression de pêcheur).
Sur un côté de la zone, à force de chercher, nous réussissons à enchainer quelques petits poissons, d’abord une perche, puis deux sandrillons, puis encore une perche… le tout dans une taille très modeste.
Cet activité toute relative de milieu de matinée nous donne beaucoup d’espoir. Cela donne du mouvement à la journée, un apport de conseils, des rectifications techniques si besoin.
Ce que fais M. est en tout cas parfait techniquement, je prends plaisir à le voir mettre en application mes conseils avec une grande rigueur.
Après un déjeuné avalé assez tôt sur le bateau, nous changeons de zone, et par la même occasion mettons en place la stratégie prévue en début de journée: recherche du brochet sur le coup de 12h et 14h, avant que le vent ne soit trop fort et rende la journée compliquée en terme de sécurité de navigation.
Nous nous avançons donc vers une nouvelle zone qui ne m’est pas étrangère, puisque dans laquelle j’ai le souvenir d’avoir permis à mes pêcheurs de piquer de très gros sandre.
Je sors d’autres cannes, monte d’autres leurres adaptés au brochet, à la profondeur et à la luminosité… à quelques exceptions près que je ne relaterai pas dans ce récit.
Quelques lancers plus tard je me prend une cartouche de l’au delà dans la canne, presque à vue. Je propose alors à M de s’en saisir, mais il refuse avec beaucoup de générosité.
Le poisson se courbe et se recourbe, on peut apercevoir à 10m du bateau son corps élancé, tout en puissance.
Je demande alors à M de se saisir du salabre 🙂
Tout se passe très vite, trop vite… c’est comme ça à la pêche, quand rien n’est prévu… c’est magique !
Le poisson revient vers le bateau avec une rapidité fulgurante. Il part sur la droite du bateau ce qui m’oblige à desserrer le frein du moulinet casting. la tresse frotte légèrement sur la coque du bateau, je suis inquiet car je veux pas le laisser filer et n’ai aucune envie que le frottement de la tresse la brise, et encore moins de perdre un poisson avec un leurre dans le bec…
Assez rapidement il rend enfin les armes, sa tête rentre dans l’épuisette, mais son corps dépasse longuement… Puis il est là, au bateau, sur la toise: 107 cm précisément.
C’est beau ! C’est fort ! J’ai partagé ce moment avec un pêcheur que je ne connaissais pas le jour d’avant, et avec lequel le souvenir le plus mémorable de ma vie de pêcheur vient de s’écrire. Une belle amitié vient de se créer.
Nous crions notre joie, nous regardons l’animal avec autant d’admiration que de respect…
Après les mesures et photos adéquates, je me saisis du poisson et le dépose tête sous l’eau, pour qu’il reprenne tranquillement ses esprits. Je profite de ce moment suspendu pour le regarder, paisiblement, et prendre soin de lui afin qu’il reparte dans les meilleures conditions possibles.
Je le lâche enfin, et d’un coup de queue il s’évade tête en bas vers sa liberté, retrouver le royaume qui est le sien.
Je dis il, mais il faut savoir que les poissons de cette taille là dans l’espèce Esox Lucius sont des femelles (les mâles ayant une taille maximale légèrement plus restreinte).
Par conséquent, cette grande maman « donnera naissance » à des milliers d’oeufs cet hiver, qui deviendront peut être quelques brochetons l’année suivante, qui tenteront de survivre… et peut être aurons nous le plaisir de les croiser plus grand dans quelques années, c’est tout ce que l’on peut se souhaiter…
Je tiens à remercier chaleureusement M, avec lequel j’ai partagé ce moment d’exception à jamais gravé.
A bientôt sur l’eau 🙂